
Angleterre, XVIIIe Siècle. Dans un petit village, un jeune homme affirme avoir vu le Diable sous la forme d’un crâne humain déformé et recouvert d’une étrange fourrure. Tandis que le juge du comté n’y prête guère d’attention, des événements étranges commencent à se produire…
Après une grosse décennie placée sous le signe de réussites constantes, tant artistiques que commerciales, le film d’épouvante à connotation gothique européen est à la traine au début des Seventies. En cause une forme de renouveau débarquée récemment sur le Nouveau Continent, faite d’une horreur plus politisée et clairement contemporaine, arrivée en 1968 avec George A. Romero et sa Nuit des Morts-Vivants.
Malgré le fait que la Hammer peine à se renouveler, deux autres firmes indépendantes, spécialisées dans le cinéma horrifique, voient le jour en Angleterre durant les années 1960 : d’un côté la Amicus, qui se distinguera rapidement en ne produisant quasi-exclusivement que des films à sketches, de l’autres la Tigon, studio dont est issu La Nuit des Maléfices qui nous intéresse.
Tourné avec trois bouts de ficelles (l’essentiel du décor du film est un sous-bois de quelques mètres carrés), le film de Piers Haggard, bon « faiseur » n’ayant pas eu la même carrière que Freddie Francis, Don Sharp ou Roy Ward Baker, fut jadis produit suite aux succès du Grand inquisiteur (Michael Reeves, 1968) et La marque du Diable (Michael Armstrong, 1970). La comparaison se limite pourtant à peu de choses, puisque nous ne sommes point ici dans un récit de chasse aux sorcières, mais plutôt dans ce qu’il est devenu de bon ton de labelliser au registre « folk horror ».
Partant un peu dans tous les sens sans jamais vraiment approfondir une idée (le film en regorge pourtant), cette Nuit des maléfices (transcription de titre française – comme souvent – hasardeuse, l’appellation originale pouvant se traduire par Du sang sur la griffe de Satan) n’en demeure pas moins très intéressante, ne serait-ce que pour voir l’influence que le métrage a eu sur d’autres ultérieurs (fort est à parier que Ari Aster connaissait très bien le film de Piers Haggard au moment de l’écriture de Midsommar).
Reposant essentiellement les épaules de la charismatique Linda Hayden (déjà formidable dans le sous-estimé Une messe pour Dracula de Peter Sadsy, film qui parvenait par contrainte à renouveler le mythe du célèbre vampire sous la houlette de la Hammer), comédienne capable de passer d’un visage angélique à celui d’une sorte de gourou possédée ultra flippante, Blood of Satan’s Claw ne décevra à coup-sûr par l’aficionados de la dernière période bénie pour le cinéma de genre britannique.

Où voir le film ?
Disponible dans la collection « Angoisse » de l’éditeur Rimini. Comme les autres titres, celui-ci est présenté sous la forme d’un luxueux coffret cartonné contenant le Blu-ray et le DVD du film, ainsi qu’un livret signé par Marc Toullec, l’homme qui écrit plus vite que son ombre…
En bonus vidéo, une très complète présentation du film par Olivier Père vous permettra d’en savoir plus sur la vague horrifique anglaise du début des années 1970. Si le contenu est évidemment passionnant, le ton de l’entrevue est, comme toujours avec Père, un peu austère.