
Alors que Cécile (Juliette Armanet) s’apprête à ouvrir son propre restaurant gastronomique à Paris, la cheffe doit rentrer sur les lieux de son enfance suite de l’infarctus de son père (François Rollin), avec qui le dialogue n’est pas facile depuis des années. Loin de l’agitation parisienne, Cécile recroise Raphaël (Bastien Bouillon), garçon dont elle était amoureuse à son départ pour la capitale…
En 2023, Amélie Bonnin se voit décerner le César du meilleur court métrage pour Partir un jour. Assurément le meilleur film vu dans cette section depuis le jubilatoire Versailles Rive-Gauche de Bruno Podalydès (1992), ce petit film de 25 minutes parvenait mieux que n’importe quel autre à saisir 24 heures dans la vie d’un homme et d’une femme s’étant jadis ratés et ayant chacun fait leur vie de leur côté.
Œuvre un brin nostalgique sur fond d’image d’Épinal bretonne sur fond de chansons populaires intégrées aux dialogues, Partir un jour ne laissait aucunement le spectateur sur sa fin. Juste un brin triste de devoir déjà abandonner Caroline (Juliette Armanet), caissière dans un supermarché, et Julien (Bastien Bouillon), écrivain monté à Paris débutant le très difficile stade du 2e livre, après si peu de temps.

La joie nous a quelque peu envahie lorsqu’Amélie Bonnin se décida à transformer son petit bonheur en long-métrage, basé sur le même principe d’airs connus venant soutenir l’action, mais en inversant la donne : l’exilé ne serait plus l’homme mais la femme. Elle ne sera pas écrivaine mais cuistot ayant remporté Top Chef. Lui de son côté ne sera pas caissier dans un Super-U, mais mécano dans un garage et pilote de motocross à la petite semaine. Le décor ne serait plus celui d’un bord de mer atlantique mais un relais routier en bordure d’autoroute.
Si l’inversion des rôles semble à la base une idée intéressante et le changement d’environnement propice, le résultat prouve qu’une stratégie sans toute trop murement réfléchie ne s’avère pas toujours payante. Là où tout était léger et respirait la spontanéité parfois candide d’une première œuvre en 2021, tout ici semble, sans mauvais amalgame, peser le poids d’une grosse camionnette.

Loin d’être un mauvais film, Partir un jour, version long-métrage, supporte néanmoins assez mal la comparaison avec son génialissime modèle, à la fois bourré de spontanéité et de douce mélancolie. Exactement comme l’est une histoire d’amour adolescente, qui plus est lorsque cette dernière ne fut que fantasmée.
La confrontation entre le court modèle et la longue et par instant laborieuse copie sera facile pour les acquéreurs du film sur support physique, puisque le Blu-ray et le DVD contiennent, outre deux courts modules promotionnels, ledit petit film original césarisé, que l’on pourrait facilement se regarder en boucle. La seule présence ici de ce modèle de simplicité efficace justifie d’ailleurs largement l’acquisition du produit.

Où voir le film ?
Partir un jour est disponible en Blu-ray et DVD chez Pathé (distribution Suisse : Rainbow Home Entertainment).