
Romancière en mal d’inspiration, Clarissa (Cécile de France) rejoint une résidence d’artistes prestigieuse à la pointe de la technologie. Elle trouve en Dalloway (Mylène Farmer), son assistante virtuelle, un soutien et même une confidente qui l’aide à écrire. Mais peu à peu, Clarissa éprouve un malaise face au comportement de plus en plus intrusif de son IA…
En 2006, Yann Gozlan se faisait remarquer chez les fans d’horreur avec Captifs, énième film de genre sorti au milieu d’une multitude d’autres en hexagone, affichant tous une violence graphique aussi outrancière qu’inutile. Quelle ne fut pas notre bonne surprise de le retrouver quelques années plus tard aux commandes de Un homme idéal, thriller chabrolien porté par un Pierre Niney qui y gagnait ses galons de comédien.
Retrouvant l’acteur en 2021 pour Boîte noire, Yann Gozlan s’affranchissait d’une quelconque affiliation possible avec ce thriller à connotation paranoïaque de haut vol, tellement bon qu’on s’étonne d’ailleurs que le cinéma US ne s’en soit pas encore saisi pour une inutile remake. On avait donc grand espoir pour Visions, son métrage suivant, resté inédit sur nos écrans helvétiques.
Était-ce un signe ? Toujours est-il que ce troisième thriller, aux frontières du fantastique cette fois-ci, qui suivait les troubles d’une pilote de ligne (épatante Diane Kruger) incapable de voler car atteinte de troubles visuels, lorgnait de manière trop évidente du côté de David Lynch pour convaincre autrement que via une curiosité logique.
C’est donc avec 1000 pincettes que l’on entreprit la vision de Dalloway, le métrage proposant à nouveau le portrait d’une femme émancipée en proie avec phénomènes externes – cette fois-ci identifiés – venant perturber sa vie réglée comme du papier à musique.

Loin de la déception qu’il provoquait avec son précédent long-métrage, Gozlan ne parvient pourtant pas complètement ici à renouveler un créneau usé jusqu’à la corde : celui du conflit entre une personne de plus en plus instable face à une technologie peu aidante au-delà des apparences.
Si Cécile de France est étonnamment très à l’aise avec son personnage, si l’idée d’aller chercher Mylène Farmer que l’on ne verra jamais – elle prête ici uniquement sa voix à l’IA de l’héroïne – on est bien obligé de constater que Dalloway ne restera pas dans les mémoires autrement que via le sentiment d’avoir passé un agréable moment.
La raison semble double : d’un côté, Tatiana de Rosnay, auteure du livre à l’origine du scénario de Dalloway, n’est pas très à l’aise avec la science-fiction, de l’autre Yann Gozlan sans doute quelque peu prisonnier de références du genre autrement plus essentielles (Gattaca d’Andrew Niccol, Ex_Machina d’Alex Garland, Minority Report de Steven Spielberg), mais tout en restant par chance largement au-dessus de productions US surfant sur le même principe (M3GAN, L’IA du mal)
Le réalisateur ayant enchainé très rapidement avec le tournage d’un troisième film mettant en scène Pierre Niney, on peut imaginer que son implication dans la post-production de Dalloway fut moindre. Gourou laissant présager le meilleur et arrivant déjà sur nos écrans en janvier 2026, il est donc fort probable que la prochaine cuvée de Gozlan sera une meilleure, voire très bonne…
Dalloway de Yann Gozlan, avec Cécile de France, Anna Mouglalis, Lars Mikkelsen, Frédéric Pierrot, Freya Mavor et la voix de Mylène Farmer, France/Belgique, 1h50. Actuellement sur les écrans.
