
Elvire (Gaby Fuchs) et Geneviève (Barbara Capell), deux étudiantes en sciences occultes, sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandessa, personnage historique suspecté de vampirisme. Égarées en pleine campagne dans le nord de la France, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky (Paul Naschy), condamné à se transformer en loup-garou la pleine lune venue depuis qu’il a été lui-même mordu.
Avec son physique à mi-chemin entre Marlon Brando et John Belushi, l’ex-catcheur Jacinto Molina n’avait aucune raison apparente de devenir le comédien Paul Naschy, figure incontournable du cinéma bis espagnol bien décomplexé malgré l’inquisition franquiste.
Indissociable du personnage de Waldemar Daninsky, qu’il incarnera à l’écran une douzaine de fois dans des films à la qualité toute variable, Naschy parviendra malgré tout à garder une identité propre, notamment via ses activités « multi-casquettes » durant toute sa carrière.

Troisième film consacré au comte « lougarisé », La furie des vampires est clairement une des meilleures cuvées de la longue série. Aussi l’un des seuls ou le terme « vampire » n’est pas usurpé, puisqu’il en est clairement question ici. Problème : l’accessoiriste semble avoir oublié qu’une créature de la nuit est sensée, par définition, avoir les dents pointues à la hauteur de canines et non des incisives latérales. Un détail certes anodin, mais qui a malheureusement tendance à rendre risible toutes les apparitions de vampires dans le métrage.
Outre ce petit problème, tout ici fonctionne à merveille. C’est d’autant plus étonnant car la restriction évidente de moyens oblige le réalisateur Leon Klimovsky à faire passer la campagne espagnole pour le nord de la France et à concentrer ses efforts sur une micro-poignée de personnages, forcément omniprésents à l’écran. Or, tout ce qui devrait en toute logique faire cheap rend justement le métrage hautement attachant, et surtout sans le moindre temps mort.

La musique du film est signée par Anton Garcia Abril, compositeur classique contemporain, qui dirige ici une partition ultra-inspirée, très dans l’air du temps, tout en se refusant à la facilité. Évoquant de manière évidente le travail du tandem germanique Manfred Hübler/Siegfried Schwab pour Jess Franco (Vampyros Lesbos, Crimes dans l’extase, Le diable vint d’Akasava), Abril s’amuse comme un fou à tester maints instruments pour sublimer sa partition, encore et toujours inédite sur disque (comme la majeure partie de son travail pour le cinéma).
5e film de la « saga Daninsky », L’empreinte de Dracula (1973) est généralement associé au présent film, le métrage appartenant aux mêmes ayant droit. Il ne serait guère étonnant de voir cet autre excellent volet de la franchise du plus célèbre loup-garou ibérique débouler chez Rimini dans les mois à venir.

Où voir le film ?
Disponible dans la collection « Angoisse » de l’éditeur Rimini en combo Blu-ray+DVD, accompagné du désormais traditionnel livret de Marc Toulec, ainsi que de très bon bonus.
En premier lieu, on trouvera 2 versions du films (celle d’exploitation d’époque et une plus longue), ainsi qu’un très informatif documentaire – avec une mise en scène rigolote – dans laquelle l’érudit Laurent Aknin revient de manière passionnée sur Paul Naschy et son récurrent personnage de Waldemar Daninsky.