
On pourrait finir par croire que cette rubrique n’est allouée qu’à John Barry. Or, il n’en est rien. Juste un concours de circonstance en rapport avec de bienveillants éditeurs, qui semblent s’être donné le mot pour offrir aux fans du compositeur de nouvelles éditions à maintes bandes originales, renvoyant les précédents à la préhistoire.
Ayant conclus un deal avec MGM, détentrice des droits du catalogue United Artists (qui semble avoir échappé, du moins pour le son, à Amazon et Disney), La La Land Records, label spécialisé dans les belles rééditions depuis de très nombreuses années, s’est attelé à l’exhumation des soundtracks de l’agent 007 depuis un peu moins de 2 ans.
Les sorties se font au compte-goutte, les disques sont chers et limités, mais le plaisir de découvrir pour la première fois des BO dans leur intégralité et présentées chronologiquement est un pur bonheur dépassant très largement le simple artifice pour complétiste.

pochette originale de l’album vinyle paru en 1965
Le score de Thunderball est à l’image du film : totalement démesuré. Mais là où la dernière mission de James Bond signée par Terence Young peut donner l’impression d’un trop-plein de tout, sa bande-son prend une dimension toute autre.
Tandis que la bande originale de Goldfinger, précédente aventure de 007 qui définissait les codes de la saga, ne durait qu’une toute petite 40e de minutes, celle de Thunderball dépasse l’heure et demie ! Au-delà d’une simple démesure, soulignant bien que la « bondomania » n’a plus aucune limite budgétaire en 1965, c’est surtout le laboratoire d’expérimentation auquel John Barry a accès ici pour la première fois qui est totalement incroyable.
Sans exagération aucune, et en faisant bien-sûr abstraction des comédies musicales, on peut donc affirmer sans gêne que le score de Thunderball est la première vraie bande originale pharaonique de l’histoire du cinéma. Démesurée certes, mais sublime et sans concession.
Tel un orfèvre, Barry s’amuse sans limite à expérimenter des sons. Un exercice qu’il perpétuera les années suivantes avec You Only Live Twice, On Her Majesty’s Secret Service et Diamonds Are Forever, définitivement les 4 BO les plus réussies de l’histoire de la franchise. Passer à côté de l’acquisition du présent volume serait donc une lacune pour tout admirateur d’expérimentation sonore.

