
Dans le New York des années 1950, Therese (Rooney Mara), une jeune employée de grand magasin passionnée de photographie, voit sa vie basculer lorsque Carol (Cate Blanchett), élégante mère d’une fillette en instance de divorce, se présente à son comptoir. Entre les deux femmes va immédiatement naître une fascination réciproque…
Ayant fait un parcours honorable dans nos salles de cinéma en janvier 2016, Carol a aujourd’hui droit à une relecture, grâce à la prestigieuse ressortie du film de Todd Haynes dans un coffret ultra complet sous la houlette de Bubbel Pop’.

Les temps ayant passablement changé en une décennie, le moment semblait donc idéal pour exhumer ce très beau film, qui avait su tirer son épingle du jeu en évitant de devenir une œuvre militante servant à la défense d’une cause.
Intelligemment, Todd Haynes, qui avait déjà manifesté son amour sans limite pour le cinéma mélodramatique de Douglas Sirk dans Loin du paradis (2002) sans pour autant céder aux sirènes de l’œuvre trop appuyée au vu de son sujet, réitère la chose de manière tout aussi subtile dans Carol.
Loin de là l’intention de prétendre que ces deux métrages ne pourraient à juste titre servir de porte-drapeau à une cause homosexuelle. Simplement d’affirmer qu’une partie de leur force réside dans le fait de pouvoir être pleinement apprécié sans qu’une appartenance sexuelle quelle qu’elle soit n’entre dans le débat.

Adapté du seul roman de Patricia Highsmith (Monsieur Ripley) ne suivant pas une trame criminelle, Carol conserve néanmoins un aspect froid dans l’approche des personnages et de leurs sentiments, typique de la romancière.
Sans tenter de rendre ses protagonistes plus attachants, Haynes livre une œuvre très singulière au vu de l’histoire, qui devrait justement faire appel à une forme de chaleur humaine. Une sorte de pendant inversé du tout aussi formidable Green Book de Peter Farrelly, les deux métrages ayant une toile de fond très similaire mais une approche radicalement différente.
Renforçant cette volonté par une photographie renvoyant aux prémices du Technicolor, le visuel de Carol affiche d’évidentes prédominances vertes et rouges comme pour souligner le fait que l’action du film se déroule durant les fêtes de Noël, mais aussi sans doute pour rendre hommage au procédé historique de la couleur au cinéma, à l’époque où ce dernier n’était que bichrome.

Porté par un tandem de comédiennes imparables dans leurs incarnations de personnes bien obligées de se faire violence face à leur nature au cœur d’une société castratrice à propos de relations amoureuses autres que celles établies, Carol n’a peut-être comme seul défaut son titre, très peu significatif et trop vague pour que l’on puisse saisir la puissance sourde de l’œuvre.
Un très grand film, tant au niveau de sa forme que de son propos, à (re)découvrir dans des conditions sans doute encore meilleures que celles d’une salle de cinéma au tout début de l’année 2016…

Où voir le film ?
Carol est disponible en coffret limité chez Bubbel Pop’ proposant un disque 4K contenant le film en UHD, son pendant au format Blu-ray accompagné des bonus récupérés de la précédente édition, un Blu-ray de nouveaux suppléments très complets (contenant des heures d’interviews de personnes impliquées dans la genèse du film), ainsi que différents documents papier, dont un livre de 100 pages. A noter qu’une édition exclusive aux magasins FNAC propose en plus le vinyle de la bande originale du film, signée par Carter Burwell.
