
Une nuit, à 2 h 17 du matin à Maybrook, une petite ville de Pennsylvanie, 17 enfants de la même classe quittent simultanément leur domicile sans laisser de trace. Alex (Cary Christopher), un enfant timide, ne fait pas partie de cette disparition collective. Son enseignante, l’instable Justine Gandy (Julia Garner), est très rapidement écartée des suspects par la police, et ce malgré les soupçons que laissent peser sur elle la population de la ville…
Les films d’horreurs ont tellement le vent en poupe depuis quelque temps qu’il semble désormais impossible de passer un mercredi sans en voir un nouveau apparaitre sur nos écrans. Tandis que beaucoup se contentent de remplir leur contrat en proposant leur lot de jump scares à un public ciblé, d’autres parviennent à se distinguer via une certaine originalité parfois payante (Bring Her Back, Together), parfois désolante (Sinners, 28 Years Later).

Sorti au milieu de cette multitude de métrages sans matraquage publicitaire particulier il y a deux semaines, Weapons (stupidement retitré Evanouis sur les territoires francophones du Vieux Continent – le Québec ne faisant une fois n’est pas coutume pas mieux avec le libellé Heure de disparition) avait toutes les raisons du monde pour n’être qu’une petite sortie confidentielle parmi d’autres, quittant en moins de temps qu’il ne faut pour le dire nos écrans.
Par chance, un succès inespéré du film au box-office US et une curiosité bienvenue de la part des spectateurs auront permis à cette bobine à la fois originale et ultra flippante de s’ancrer solidement dans nos salles, au point d’être le succès inattendu de l’été. La chose est d’autant plus étonnante que Weapons ne répond effectivement que de très loin aux sacro-saints critères du genre.

Les traditionnels jump scares laissent ici place à de longues séquences souvent dénués de dialogues, voire de musique, renforçant l’impact émotionnel du film, tout en plongeant le spectateur au cœur de l’intrigue en même temps que les protagonistes. Avec un rythme lent renforcé pour une mise en scène sobre mais très classe, le réalisateur Zach Cregger (Barbare) immerge l’audience dans cette curieuse histoire d’enfants disparus, faisant certes appel au surnaturel mais dans laquelle on évite – dieu merci – les sempiternels boogey men et autres démons possédés.
Reposant en grande partie sur les épaules de Julia Garner, comédienne habituée des films horrifiques généralement crispante (le navrant Apartment 7A – prologue totalement vain de Rosemary’s Baby, le consternant dernier Wolf Man), Weapons doit également beaucoup à Amy Madigan, visage récurant du cinéma populaire du début des années 1990 (Fields of Dreams, Uncle Buck, The Dark Half), chelou à souhait ici, et au jeune Cary Christopher, déjà vu dans plusieurs séries, qui semble désormais promu à un bel avenir.

Rarement un film de genre, qui plus est issu d’un grand studio, n’aura réussi à autant faire peur. Car oui, Weapons est une œuvre vraiment flippante. Parfait croisement entre Halloween de John Carpenter pour son ambiance, Twin Peaks de David Lynch pour son atmosphère, un film de Tarantino pour son humour transgressif et sa narration chapitrée (définitivement le détail faussement anodin faisant ici toute le différence) et une métaphore assez cinglante en sous-texte sur les dérives actuelles de notre société occidentale, le film de Zach Cregger dépasse de très loin ce qu’on serait en droit d’attendre d’un tel produit. Un film d’auteur ? D’une certaine manière oui. En tous les cas, assurément un des meilleurs longs métrages de l’année.
Evanouis (Weapons) de Zach Cregger, avec Julia Garner, Josh Brolin, Alden Ehrenreich, Amy Madigan, Cary Christopher, Benedict Wong, Etats-Unis, 2h08. Actuellement sur les écrans.
