LA FUGUE (NIGHT MOVES, Arthur Penn, 1975)

Ancien jouer de football américain reconverti détective privé, Harry Moseby (Gene Hackman) est engagé par Arlene Iverson (Janet Ward), une star de cinéma vieillissante, pour retrouver sa fille fugueuse Delly (Melanie Griffith). Proche du milieu des cascadeurs employés par les studios de cinéma, la nymphette de 16 ans aurait peut-être fui chez son beau-père Tom (John Crawford) en Floride…

Perdu au milieu de la filmographie de son réalisateur Arthur Penn et de son acteur principal Gene Hackman, La fugue fait partie de ces métrages oubliés car peu diffusés à la télévision et jamais, mis à part une VHS parue au début de l’ère du vidéoclub, exploité en vidéo. Cette précieuse bobine a néanmoins de quoi susciter un vif intérêt pour l’aficionado de bons polars seventies.

Film néo-noir ensoleillé, Night Moves fait partie de pelloches produites durant une courte mais précieuse parenthèse, durant laquelle Hollywood tentera de redonner ses lettres de noblesses à un genre tombé en désuétude. Le privé de Robert Altman, La toile d’araignée de Stuart Rosenberg ou Le flic se rebiffe de Burt Lancaster sont là pour attester d’une évidente volonté de tenter créer un effet de mode à travers ces modernisations de films noir, façon seventies. Si les femmes fatales y sont moins glamours et les détectives moins charismatiques, les intrigues restent quant à elle toujours aussi vénéneuses.

A aucun instant de Night Moves, Arthur Penn ne cherche à créer le suspense ou un quelconque climat de tension. Bien au contraire. Proche à tout moment de son personnage central, le cinéaste prend le temps de créer un climat pesant autour de protagonistes a priori sans relief. L’astuce fait mouche : au moment précis où l’audience pense être au bout de ses surprises, le film verse dans sa vraie noirceur vénale.

Aussi moite qu’un été gorgé de soleil, La fugue laissera au spectateur patient, notamment via sa vertigineuse séquence finale, l’inaltérable image d’un polar important. Egalement une unique occasion de voir Melanie Griffith le visage empli de pureté. Une œuvre très importante bien que souvent oubliée dans la carrière de Penn.

Texte extrait du livre « Le film de minuit – 1984-1994 : une décennie de séances culte »

Où voir le film ?

Assez curieusement, La fugue n’a jamais connu d’édition française. Un DVD américain (zone 1), contenant une VF et les sous-titres idoines, est encore trouvable en occasion. En HD, le film a été édité dans la collection Warner Archive et dernièrement chez Criterion, via une récente restauration 4K et de nombreux bonus. Et bonne surprise, les disques du prestigieux label sont exceptionnellement libres de zone. A noter qu’aucune des éditions HD ne contient d’option française.

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