
Un soir d’été, Suzanne (Juliette Armanet), accompagnée de ses deux jeunes enfants (Manoa Varvat, Nina Birman), rend une visite impromptue à sa sœur Jeanne (Camille Cottin), totalement prise au dépourvu. Non seulement elles ne se sont pas vus depuis plusieurs mois, mais surtout Suzanne semble absente. Au réveil, Jeanne découvre sidérée le mot laissé par sa sœur, évaporée dans la nature. La sidération laisse place à la colère lorsqu’à la gendarmerie, Jeanne comprend qu’aucune procédure de recherche ne pourra être engagée : Suzanne a fait le choix insensé de disparaître…
Il n’était pas gagné d’avance, en découvrant Camille Cottin il y a une grosse décennie dans Connasse, d’imaginer que cette fille à la fois énervée et énervante ne devienne la comédienne la plus bankable d’Hexagone. Bankable, c’est bien le mot, puisqu’elle est la seule, avec Noémie Merlant, à se voir non seulement ultra-sollicitée par le cinéma français, mais aussi de manière régulière par Hollywood.
A l’inverse de Virginie Efira, qui semble de plus en plus enfermée dans le sempiternel même rôle de la femme sujette à partir en vrille (comme ce fut le cas d’Isabelle Adjani dès l’aube des années 1980), Camille Cottin sait choisir ses rôles en fonction de la possibilité d’élargir son panel de jeu. A tel point qu’il semble aujourd’hui évident qu’elle pourrait passer d’un genre à l’autre, sans que la chose ne paraisse être autre chose qu’une évidence.

Déjà à l’affiche du précédent film de Nathan Ambrosioni (Toni en famille), Camille Cottin est absolument parfaite dans la peau d’une femme au tempérament individualiste, à qui sa sœur décide de confier ses enfants sans lui demander son avis, juste avant de disparaitre dans la nature. Ce qui aurait pu donner naissance à une comédie navrante, un drame hystérique ou un thriller en forme de cold case laisse place à une œuvre tout en nuance, où la nature humaine saine reste au cœur du débat.
Sans avoir recours à un quelconque artifice, Nathan Ambrosioni suit le cheminement d’un trio (une femme, son neveu et sa nièce), pris au dépourvu par la décision folle et potentiellement irresponsable d’une mère (Juliette Armanet, qui ne sert objectivement pas à grand-chose ici, une comédienne plus aguerrie mais moins connue aurait tout aussi bien fait l’affaire), et bien obligé de faire face à la réalité.

On est d’ailleurs très étonné qu’un cinéaste de moins de 30 ans se décide à aborder un tel sujet et le fasse de surcroit avec autant de brio. On mentionnera également la grande force du casting des enfants, Manoa Varvat et Nina Birman, tous deux très charismatiques bien que sans expérience de la comédie, et qui sont pour beaucoup dans l’équilibre parfait du métrage.
Sans jamais grossir le trait, sans jamais céder à une quelconque forme de rebondissement artificiel mais en utilisant de simples détails comme détonateurs puissants d’émotions (jamais une boîte de pêches en conserve n’avait réussi un tel tour de force), Nathan Ambrosioni signe, avec Les enfants vont bien, assurément un des meilleurs films français de l’année, qu’il ne serait pas étonnant de voir à juste titre récompensé lors de la prochaine cérémonie des César.
Les enfants vont bien de Nathan Ambrosioni, avec Camille Cottin, Monia Chokri, Manoa Varvat, Nina Birman, Juliette Armanet, Guillaume Gouix, France, 1h51.
