L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE (THE MAN WHO SHOT LIBERTY VALANCE, John Ford, 1962)

Shinbone, 1910. Ransom Stoddard (James Stewart), un important sénateur, et sa femme Hallie (Vera Miles) reviennent dans la ville où il se sont rencontrés pour assister à l’enterrement de Tom Doniphon (John Wayne), figure locale que tout le monde semble avoir oublié. Un journaliste local, intrigué par la présente d’un éminent politicien aux obsèques d’un cowboy inconnu, s’interroge. D’abord réticent, Stoddard, finit par accepter de lui raconter son histoire et la manière dont Doniphon fut jadis intimement lié à son ascension…

Attention chef-d’œuvre ! Que l’on soit fan de western ou non, que l’on supporte John Wayne ou pas, L’homme qui tua Liberty Valance est un film que l’on se doit d’avoir vu au moins une fois dans sa vie.

On entend déjà les réticents à la figure du plus réac’ des cowboys américains monter aux barricades. Oui, Wayne est un acteur peu compatible avec le Troisième Millénaire. Il n’en demeure pas moins l’une des figures indispensables de L’homme qui tua Liberty Valance. Un protagoniste presque secondaire, mais qui reste comme la pierre angulaire du récit. L’incarnation d’un personnage tellement emblématique et humain qu’il pourrait à lui seul effacer l’ardoise complète de Wayne envers ses détracteurs.

Il est également possible de déceler une réelle continuité inconsciente entre le film de John Ford, La vie est belle de Frank Capra (le film était également en grande partie axé sur un long flashback) et Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger (James Stewart y incarnant également un homme de loi sujet à une remise en question), deux autres incontournables du cinéma US reposant en grande partie sur les épaules de leur comédien principal. A savoir James Stewart, qui restera à jamais, avec Gregory Peck, l’incarnation sublime du héros américain à mille lieues d’une masculinité débordante.

Affichant des valeurs aussi universelles qu’indémodables, L’homme qui tua Liberty Valance peut sans exagération aucune, et au même titre que Du silence et des ombres de Robert Mulligan (sorti la même année), être qualifié d’œuvre de référence pour toute construction de vie. Un métrage dans lequel tout ou presque est présent. De la figure du rotor n’ayant d’autre exutoire pour s’affirmer qu’une violence crasse (très ancrée dans notre mode de vie occidental) à l’essence même de ce qui a construit la société moderne, faites de grands hommes ayant très souvent pu bénéficier de l’aide de véritables altruistes (ne cherchant donc aucunement la lumière des projecteurs).

Une œuvre incontournable, fondatrice, sublime, où chaque chose est à sa place. Un film parfait donc, à voir et revoir sans fin…

Texte extrait du livre « Le film de minuit – 1984-1994 : une décennie de séances culte »

Où voir le film ?

L’homme qui tua Liberty Valance est disponible en UHD 4K, Blu-ray et DVD chez Paramount Pictures (distribution Suisse : Rainbow Home Entertainment).

Attention : aucune de ces éditions ne contient la version française originale. Le nouveau doublage s’explique car le film avait été raccourci pour son exploitation française en 1962. John Wayne n’a donc pas la voix de Raymond Loyer, mais de Marc Alfos, le doubleur attitré de Russell Crowe…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *