
Lorsque Lilian Steiner (Jodie Foster), psychiatre de renom, apprend la mort de Paula Cohen-Solal (Virginie Efira), l’une de ses patientes, l’analyste se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle commence à épier sa famille et trouve à chacun des membres un mobile crédible à la disparition de la défunte, dont l’autopsie a pourtant confirmé un suicide…
Ah, qu’il est bon le mois de décembre avec l’arrivée des décos de Noël qui illuminent nos longues soirées et les biscuits à la cannelle consommés à outrance, une tasse de Early Grey à la main. L’époque idéale en somme pour une escapade en salles afin de savourer un bon vieux whodunit des familles.
L’arrivée dans nos cinémas de Vie privée, dernier long métrage de Rebecca Zlotowski (Grand Central, Les enfants des autres), laissait donc présager, si ce n’est une œuvre mémorable, au moins un bon moment de cinéma familial, qui plus est servi par Jodie Foster et une bonne louche de comédiens français que l’on a toujours plaisir à voir.

Pourtant, dès les premières minutes de Vie privée, un doute nous envahi. Une musique totalement aux fraises, des dialogues limites abscons, une réalisation oscillant entre la « shaggy cam » (mise en scène basée sur le principe qu’une caméra doit forcément être tenue par un chef op atteint de Parkinson) et plans clipés d’intérieurs de voiture jouant à la techno party avec les éclairages nocturnes, laissaient entrevoir non pas une œuvre classique, mais un énième métrage hexagonal se la jouant « entre soi parisianiste ».
A cela s’ajoute, sans surprise, un soupçon d’arrogance intellectuelle, évidemment soutenu par toute la presse hipster se gaussant des ruptures de ton et des séquences fantasmagoriques du film, pourtant sans lien avec l’histoire, comme d’évidentes qualités d’une œuvre parait-il placée sur le ton de la comédie… sauf qu’on ne rit jamais !

Parvenir à jouer les équilibristes entre différents genres (thriller, comédie, drame à propos des rapports humains) demande un savoir faire hors-norme. Compétence que Rebecca Zlotovski n’a à l’évidence pas. Il aurait donc sans doute été plus sage pour la cinéaste de se décider en les différentes options énoncées plus haut, mais avec le risque évident que la sacro-sainte intelligentsia du Septième Art (qui n’intéressait déjà pas grand monde dans l’ancien monde… alors aujourd’hui ?) ne la suive pas.
Se succèdent donc un nombre incalculable de saynètes toutes aussi débiles les unes que les autres. D’un Daniel Auteuil noyant sa mélancolie dans des plats de pâtes engouffrés dans une brasserie italienne (sans doute pour faire un clin d’oeil à Claude Brasseur dans La Boum) à la vision de Mathieu Amalric forniquant tel un animal de cirque sous une pluie battante (un hommage à 9 semaine ½ ?), en passant par des séquences d’hypnoses situées durant la 2e Guerre Mondiale (donc totalement dénuées d’un quelconque rapport avec le Schmilblick).

Remarque qu’il est assez tordant de voir Jodie Foster, lookée façon k.d. lang, éprise d’un fantôme féminin du passé (histoire d’avoir quand même un soupçon de saphisme hypothétique très 2025), ou son rejeton (Vincent Lacoste, totalement transparent), avec qui la psy entretien évidemment des rapports compliqués (mais sans qu’on nous explique pourquoi. A quoi bon d’ailleurs ?) en agent de la Gestapo française (si ! si !), renvoyant directement au bac à sable le Gérard Jugnot de Papy fait de la résistance (fallait bien placer la Shoah quelque part, histoire d’être certain que personne – ou presque – n’ose avancer une quelconque critique à propos du film).
Les quelques personnes présentes dans la salle à la même séance que votre humble chroniqueur affichaient le même rire jaune que lui à l’issue de la projection, préconisant d’un potentiel futur bide au box-office pour cet authentique nanar. Mais qu’à cela ne tienne : les gardiens du temple continueront de nous parler, semaines après semaines, de ce genre de petit bijou à voir absolument, alors qui sera à l’évidence oublié de tous d’ici Noël…
Vie privée de Rebecca Zlotowki, avec Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Vincent Lacoste, Mathieu Amalric, Sophie Guillemin, France, 1h43.
